Ukraine : Berlin veut rassurer

La crise entre la Russie et l’Ukraine continue de dominer l’actualité. Olaf Scholz est aujourd’hui à Washington pour sa première rencontre en tant que chancelier avec Joe Biden. Le chancelier recevra demain soir à Berlin Emmanuel Macron de retour de Moscou et de Kiev ainsi que le président polonais pour une rencontre en format Weimar. Le chef du gouvernement allemand sera lundi et mardi prochain à Kiev et à Moscou. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock est aujourd’hui et demain pour la deuxième fois en Ukraine. Une nouvelle rencontre en format Normandie (Allemagne, France, Russie, Ukraine) doit se tenir cette semaine à Berlin au niveau des conseillers politiques après celle organisée à Paris. A ces rencontres s’ajoutent de nombreux contacts téléphoniques.

“Je suis un Washingtonien” (une référence au discours de Kennedy à Berlin “Ich bin ein Berliner) Caricature : Heiko Sakurai

A Washington, mais aussi dans d’autres capitales, Berlin s’est vu reprocher un manque de clareté ou de fiablité sur ce dossier. Aujourd’hui, les différents acteurs allemands parlent d’une seule voix, notamment sur les conséquences d’une agression russe contre l’Ukraine pour le projet de gazoduc Nord Stream 2. Les critiques contre le refus de l’Allemagne de livrer des armes à Kiev raccourcissent et simplifient une situation plus complexe. D’abord en raison de la tradition plus restrictive de Berlin en matière d’exportations d’armes. La France n’est pas n’a non plus fait une telle démarche jusqu’à présent. De telles livraisons au paroxysme de la crise actuelle changeraient-elles la donne militaire entre le Goliath russe et le David ukrainien ? On peut en douter. Les trois quarts des Allemands s’opposent d’après un sondage à des livraisons d’armes à Kiev.

L’Allemagne souligne que seule la négociation et des menaces de sanctions fortes contre la Russie peuvent être efficaces. Berlin ne cesse de souligner l’unité des alliés occidentaux, sa solidarité avec l’Ukraine et l’aide économique et financière allemande des dernières années.

L’impression de flou dans la gestion des affaires par le nouveau gouvernement, la discrétion du nouveau chancelier dans les débats -le hashtag “Où est Olaf Scholz?” a remporté un franc succès sur le net- ont eu un contrecoup sévère pour la popularité du chef du gouvernement. Elle plonge de 17 points dans le sondage de la chaine ARD en un mois, une chute brutale inédite.

Guerre des ondes entre Moscou et Berlin

Les mesures de rétorsion avaient été annoncées. Elles furent rapides. Après la décision du régulateur allemand des médias d’interdire la diffusion du programme en allemand de la chaine russe RT DE faute de licence, Moscou a décidé jeudi de fermer le bureau de Deutsche Welle (l’équivalent de France Medias Monde) dans la capitale russe. Les journalistes perdent leur accréditation. La diffusion de la chaîne allemande est interdite.

Cette mesure a été condamnée en Allemagne mais aussi à Bruxelles et perçue comme non justifiée. RT DE ne disposait pas d’une licence en Allemagne et n’en avait pas fait la demande alors que Deutsche Welle émet de façon tout à fait légale en Russie. La décision radicale de Moscou met fin au travail sur place du média allemand. Le bureau de Russia Today à Berlin reste en revanche normalement ouvert et les journalistes de la chaîne russe peuvent librement continuer à travailler.

Berlin sceptique sur son engagement au Mali

La semaine dernière, la ministre des Affaires étrangères, l’écologiste Annalena Baerbock, déclarait dans une interview : “compte tenu des récentes initiatives du gouvernement malien, nous devons nous demander si nos efforts conjoints peuvent être couronnés de succès”. Quelques jours plus tard, c’est sa collègue de la Défense qui affirme à propos du Mali: “S’agit-il vraiment d’un partenaire que nous voulons aider?” La sociale-démocrate Christine Lambrecht n’est plus sûre que la Bundeswehr soit la bienvenue sur place. La ministre corrige donc de précédentes déclarations, deux semaines plus tôt lorsqu’elle avait affirmé que Berlin comptait rester au Mali et ne pas indirectement contribuer à une victoire politique de la Russie.

L’Allemagne est engagée sur place avec environ 1500 soldats. Il s’agit de la plus importante mission de la Bundeswehr après son départ d’Afghanistan. Près de 1200 hommes participent à la mission onusienne Minusma; plus de 300 autres soutiennent la mission de formation des forces armées de l’UE. Ce mandat est soumis chaque année à un renouvellement du Bundestag. Le prochain vote doit avoir lieu en mai. Berlin se coordonne avec ses alliés, à commencer par la France, pour décider de la suite à donner à cet engagement peu populaire en Allemagne où il a été souvent comparé à l’Afghanistan.

Coûts de l’énergie : coup de pouce du gouvernement

En Allemagne comme ailleurs, les particuliers sont confrontés à une hausse sensible des coûts de l’énergie. Le gouvernement prévoit des mesures pour réduire l’ardoise de ses concitoyens. Une aide aux ménages et personnes les plus modestes a été annoncée la semaine dernière. Deux millions d’Allemands bénéficiaires des allocations logement, des apprentis ou des étudiants boursiers bénéficieront de ce soutien pour compenser la hausse des prix du chauffage. Le montant de cette aide sera de 115 à 135 Euros pour des personnes seules et de 175 Euros pour un couple. Différentes études montrent cependant que l’aide pour ces personnes aux faibles revenus devrait être plus importante (environ 500 Euros) pour réduire de façon sensible les contrecoups de l’augmentation des coûts de l’énergie.

Autre piste du gouvernement, avancer la suppression de la taxe baptisée EEG qui figure sur chaque facture d’électricité et qui est destinée à financer les projets d’énergie renouvelable. Sa suppression est prévue dans le contrat de coalition signé début décembre pour le premier janvier 2023. Celle-ci pourrait être avancée de six mois. D’après les calculs du magazine “Der Spiegel”, une telle mesure permettrait au foyer moyen allemand d’économiser 300 Euros par an sur sa facture d’électricité.

Boostern, anglicisime de l’année 2021

La pandémie de Covid 19 est venue enrichir la langue allemande de nouveaux termes. Parmi eux, le verbe “boostern” qui s’est rapidement imposé dans la vie quotidienne pour désigner le troisième vaccin qui vient renforcer l’effet des deux premières injections. En 2020, l’anglicisme de l’année était aussi lié à la pandémie actuelle: “Lockdown” avait été couronné.

Une campagne en Rhénanie du Nord-Westphalie en faveur de la troisième vaccination

Freiheit

Le chanteur Marius Müller Westernhagen a publié la semaine dernière une photo de lui se faisant vacciner sur Instagram. Il ne s’agissait pas d’un selfie parmi d’autres mais d’un message politique. Le commentaire était des plus sobres “Freiheit/Liberté”. Une réponse aux manifestants antivax qui utilisent le tube de l’artiste. Sorti en 1987, “Freiheit” évoque la perte de la liberté. Ressorti lors de la réunification, trois ans plus tard, il en devient un hymne. "Freiheit"

La Trabant, un moteur à deux temps pour 20 femmes

La petite voiture est-allemande a disparu de la circulation depuis longtemps mais elle vient de prouver qu’elle avait de la ressource. Ou plutôt ce sont les vingt jeunes femmes, plutôt minces, qui s’y sont entassé en septembre dernier à Zwickau, la ville de l’ex-RDA où le véhicule pétaradant et malodorant était produit. Ce nouveau record a été homologué la semaine dernière. Ce covoiturage plus ou moins convivial aurait peut-être contribuer à l’époque à satisfaire un plus grand nombre d’Est-Allemands. Il fallait attendre des années pour obtenir sa Trabant.