Printemps verdoyant en Allemagne
L’élection de dimanche dans la plus grande région allemande, la Rhénanie du Nord-Westphalie, était très attendue. Avec 18 millions d’habitants soit près d’un quart de la population du pays, ces régionales dans ce Land font toujours figure de mini scrutin national. Huit mois après les dernières législatives, il s’agissait donc d’un test grandeur nature pour la nouvelle coalition au pouvoir à Berlin comme pour les chrétiens-démocrates. La CDU, après son échec historique de septembre dernier et la désignation d’un nouveau président du parti, Friedrich Merz, originaire de cette région, devait prouver qu’on pouvait encore compter avec elle.
Les chrétiens-démocrates qui dirigeaient la Rhénanie du Nord-Westphalie depuis 2017 aux côtés des libéraux ont effectué une remontée sensible. Ils améliorent leur score des législatives de septembre dans la région de dix points et devancent très nettement les sociaux-démocrates du SPD alors que les sondages donnaient les deux partis au coude-à-coude. C’est un succès pour le ministre-président sortant Hendrik Wüst qui n’avait été désigné à ce poste qu’à l’automne dernier après le retrait de son prédécesseur, Armin Laschet. Ce dernier, candidat malheureux de son parti à la chancellerie, avait quitté la direction de la région. Le bon score des chrétiens-démocrates dimanche ne doit pas faire oublier cependant que les conservateurs reculent en voix en raison d’une participation historiquement faible (55%).
Le parti au plan national s’est bien sûr félicité de ce résultat, une semaine après la réélection triomphale dans le Schlewsig-Holstein du sortant chrétien-démocrate Daniel Günther extrêmement populaire. Ces deux succès font passer à l’arrière-plan la perte en mars par la CDU de la direction de la Sarre.
Si les chrétiens-démocrates l’emportent, ils ont toutefois perdu leur partenaire, les libéraux. Le FDP subit une défaite cinglante et voit son score quasiment divisé par deux. La coalition entre les deux partis ne dispose plus de majorité. Pour le FDP, en recul dans les sondages au niveau national, les premiers mois après la conclusion d’une coalition à Berlin avec les sociaux-démocrates et les verts ne sont pas une partie de plaisir. Si le parti avait été considéré comme celui qui avait particulièrement bien tiré son épingle lors des négociations à l’automne dernier, les temps sont devenus plus difficiles. En mars, le FDP n’a pas réussi à faire son retour au parlement régional de Sarre, restant en dessous de la barre des 5%. Il y a dix jours au Schleswig-Holstein, le recul a été sévère. A Berlin, ces mauvais résultats pourraient renforcer les frustrations des libéraux au sein du gouvernement Scholz et les conduire à durcir leurs positions pour marquer des points au détriment de leurs partenaires. Leurs ministres (Transport, Education, Justice) ne sont pas les plus visibles.
“Est-ce que gouverner est mauvais pour le FDP? “ s’interroge le quotidien “Bild”
Le président du parti libéral Christian Lindner, par ailleurs ministre des Finances, doit bon gré mal gré adopter des mesures de dépenses budgétaires contraires aux principes orthodoxes de son parti. Un fonds spécial de 100 milliards d’Euros pour la Bundeswehr financé par la dette doit être mis en place; un emprunt de 40 milliards est prévu pour lutter contre les conséquences de la guerre en Ukraine.
Au sein de la coaliton au pouvoir à Berlin, le dimanche a été amer pour le SPD. Les sociaux-démocrates terminent neuf points derrière la CDU et enregistrent leur pire score dans une région qu’ils ont pourtant gouverné durant 46 ans depuis l’après-guerre. Le parti a perdu 750 000 électeurs en cinq ans. Une alliance avec les verts, grands gagnants et les libéraux évoquée dimanche soir est caduque, le FDP l’ayant rejettée depuis.
“Scholz l’homme à claques” à la une du journal populaire “Bild” lundi
Les deux tiers des Allemands estiment d’après un sondage réalisé pour le magazine “Der Spiegel” que le chancelier ressort affaibli de ces élections. Trois électeurs sur dix sont d’un avis contraire. La popularité d’Olaf Scholz qui s’est investi dans la campagne régionale a pâti de son cours louvoyant sur le dossier ukrainien. Le SPD qui évoquait à l’automne, après son succès aux législatives, “une décennie sociale-démocrate” a peut-être été trop vite en besogne.
“Est-ce que ça peut encore marcher longtemps ?” s’interrogeait mardi le quotidien berlinois évoquant le désesquilibre entre les partenaires de la coalition à Berlin avec des Verts au mieux de leur forme et des libéraux et des sociaux-démocrates (Lindner et Scholz au centre) qui ont rétréci, un peu lessivés par leurs quelques mois au gouvernement.
Les ministres Annalena Baerbock aux Affaires étrangères (à gauche) et Robert Habeck à l’Economie et au Climat (à droite) sont les superstars du gouvernement battant des records de popularité avec des commentaires flatteurs sur leur action. Les conséquences de la guerre en Ukraine les rendent par ailleurs omniprésents dans le débat politique. Cette popularité se traduit plus globalement dans les sondages où les écologistes font désormais jeu égal avec le SPD en baisse.
Dimanche, en Rhénanie du Nord-Westphalie, les écologistes ont multiplié leur score par trois. Ils sont plus que jamais les faiseurs de rois et gouvernent avec les conservateurs comme avec les sociaux-démocrates. Une alliance entre les gagnants du scrutin de dimanche -les verts et la CDU- est plus que probable en NRW (l’abréviation allemande de la région).
A Berlin, les écologistes ont essayé lundi de ne pas triompher, conscients que cela pourrait renforcer les tensions au sein de la coalition dite “feu tricolore” au sein de laquelle les verts gouvernent avec les sociaux-démocrates (rouge) et les libéraux (jaune).
Un feu tricolore en panne comme le montre cette caricature et qui reste en permanence au vert.
Débat entre les candidats dans la 7è circonscription des Français de l’étranger
Depuis 2012, onze députés à l’Assemblée nationale représentent les Français de l’étranger. Pour les désigner, la planète a été découpée en autant de circonscriptions. La septième englobe une large partie de l’Europe à l’Est de la France. Elle comprend l’Allemagne mais aussi l’Albanie, l’Autriche, la Bosnie, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Pologne, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie et la république tchèque. Cette circonscription est représentée depuis 2017 par Frédéric Petit, député de la majorité présidentielle (MoDem, Renaissance). La circonscription compte un plus de 120 000 électeurs. Lors du premier tour de la présidentielle, le 10 avril, Emmanuel Macron avait obtenu 51% des suffrages exprimés devant Jean-Luc Mélenchon (18,8%), Yannick Jadot (11,1%), Eric Zemmour (5,1%), Valérie Pécresse (3,4%), Marine Le Pen (3,3 %), Anne Hidalgo (3,2 %), Nicolas Dupont-Aignan (1,2%), Jean Lassalle (1,1%), Fabien Roussel (0,7%), Philippe Poutou (0,7%), et Nathalie Arthaud (0,2%)
Ces élections souffrent traditionnellement d’une faible participation. La taille des circonscriptions ne facilite pas les choses pour les campagnes des candidats, par ailleurs souvent inconnus de leurs électeurs.
C’est pourquoi la société allemande de politique étrangère (DGAP) et le Club de Radio France Internationale à Berlin ont décidé avec le soutien du Cercle Économique Franco-Allemand, de Français du Monde Allemagne et de l’Union des Français de l'étranger UFE d’organiser un débat hybride vendredi à 18 heures entre les candidats/es à la députation dans la septième circonscription des Français de l’étranger.
Sur les seize candidatures désormais officielles, nous avons reçu l'accord pour une participation de :
Valérie Chartrain, Volt
Sophie Chediac pour la gauche républicaine et socialiste
Thierry Deneuve, CAP21
Philippe Deswel, Les Républicains
Alexandre La Roque, union pour la France
Vassili Le Moigne, candidat indépendant soutenu par l’Alliance solidaire des Français de l’étranger ASFE
Sophie Loobuyck, Reconquête
Guy Patton, parti breton
Frédéric Petit, député sortant, Avec Vous-Majorité présidentielle
Asma Rharmaoui-Claquin, Nouvelle union populaire écologique et sociale
Jérôme Segal, parti animaliste
Nous sommes encore sans réponse ou sans contact de:
Mathilde Dumas, Rassemblement National
Felix Drouet, parti pirate
Lucas Fonck
Bernard Geiter
Tatiana Boteva-Malo
Après une présentation des candidats, le public pourra poser des questions. Le débat que j’animerai sera enregistré et publié sur la chaîne YouTube de la DGAP.
Si vous êtes à Berlin, vous pouvez y assister (dans la limite des places disponibles) en vous inscrivant ici.
Vous pouvez suivre le débat en ligne via ce lien.
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